Historique
Fondée sous le règne du prince-évêque Baldéric (1008-1018), successeur de Notger, par le grand prévôt de la cathédrale Saint-Lambert, Godescalc de Morialmé, l’ancienne collégiale Saint-Barthélemy est un précieux témoin, austère et imposant, de l’architecture romane de style rhéno-mosan. Bâtie en dehors de l’enceinte urbaine et suivant un plan primitif de croix latine, elle a connu plusieurs campagnes de travaux. Le choeur oriental à chevet plat date de la fin du XIeme siècle. Le transept et trois nefs sont venus s’y greffer au début du XIIeme siècle. L’avant-corps ou “Westbau”, énorme massif occidental, a vu le jour en dernier, vers 1170-1185. Restaurée au XIVeme et au XVIeme siècle, l’église a été modernisée pendant le XVIIIeme siècle. Après une transformation du choeur (vers 1706), deux nefs latérales supplémentaires ont été aménagées (vers 1735-1748) et un portail monumental a été creusé dans l’avant-corps pour remplacer les entrées latérales primitives. L’édifice a été voûté et complètement habillé, à l’intérieur, de stucs et de décors peints.
Convertie en magasin militaire après la suppression de son chapitre collégial (1797), Saint-Barthélemy a été rendue au culte en tant que paroissiale en 1803. Son patrimoine s’est alors accru des célèbres fonts baptismaux de Notre-Dame-aux-Fonts (comptés parmi les « sept merveilles de Belgique », ils sont décrits dans une notice séparée), du carillon de l’abbaye du Val-Saint-Lambert et d’un bel ensemble de statues provenant de l’église paroissiale Saint-Thomas, démolie au début du XIXeme siècle.
L’église a fait l’objet d’importants travaux de restauration de 1999 à 2006.
Ce qu’il faut voir de Saint-Barthélemy
Extérieur
Les murailles extérieures en grès houiller du transept et de la nef centrale ont conservé leur décor de bandes lombardes caractéristiques de l’architecture romane de la région mosane. Ces bandes verticales en saillie, qui alternent avec des ouvertures en plein cintre, sont réunies à la partie supérieure par une frise d’arcatures courant sous la corniche.
L’avant-corps occidental en grès houiller également, spécimen unique du style roman mosan du XIIe siècle, est un parallélépipède rectangle de vingt-deux mètres de haut, vingt-huit mètres de long et douze mètres de profondeur. Ses façades sont divisées en trois niveaux animés par des bandes lombardes et des arcs aveugles supportés par de fines colonnettes en calcaire.
Sur ce massif prennent appui deux tours jumelles de plan presque carré, à deux étages creusés de baies géminées et ornés, une fois encore, d’arcatures lombardes. Les frontons triangulaires de la partie supérieure et les toitures à quatre pans en losange s’apparentent aux couronnements de plusieurs églises rhénanes (abbatiale de Maria Laach, collégiale des Saints-Apôtres de Cologne).
Intérieur
Le Westbau, qui abritait le choeur occidental ou contre-choeur, a conservé ses deux tribunes latérales, ouvertes sur l’énorme volume central par des arcades séparées par des colonnettes à chapiteau sculpté.
Dans le choeur, le maître-autel (voir photo), commandé par le prévôt de la collégiale, Mathias-Joseph de Clercx d’Aigremont (1704-1721), est orné du tableau représentant le Martyre de saint Barthélemy, oeuvre d’Englebert Fisen (1655-1733). Dans l’espace des cinq nefs ont été rassemblées les pièces maîtresses du patrimoine artistique de Saint-Barthélemy.
Du plus talentueux des peintres liégeois du XVIIe siècle, Bertholet Flémal (1614-1675), on admirera l’Exaltation de la sainte Croix (dans le bras droit du transept), exécutée pour l’église des Croisiers. En vis-à-vis (dans le bras gauche du transept), une Crucifixion exécutée en 1684 par Englebert Fisen pour le maître-autel de l’église Sainte-Madeleine et considérée aujourd’hui non seulement comme le chef-d’oeuvre de ce Liégeois très productif, mais encore comme le chef-d’oeuvre de toute la peinture liégeoise du XVIIe siècle. Quatre grands tableaux qui retracent les faits marquants de l’enfance du Christ (l’Adoration des Bergers, l’Adoration des Mages, la Fuite en Egypte et Jésus au milieu des Docteurs) ont été retirés du catalogue de Walthère Damery (1614-1678) pour être rendus au milieu artistique italo-espagnol. Le seul autel ancien actuellement visible dans la nef latérale droite abrite une Cène (1708) de Théodore-Edmond Plumier (1671-1733).
Les statues en bois peint à l’imitation du marbre blanc permettent d’apprécier les qualités de l’école de sculpture liégeoise du XVIIIe siècle. On admirera un saint Barthélemy et une sainte Ermelinde ; diverses oeuvres de Renier Panhay de Rendeux (1684-1744) : une Vierge à l’Enfant (1733), un saint Thomas et un saint Roch (1743); un saint Jean-Baptiste attribué à Guillaume Evrard (1709-1793), ainsi qu’un Ange gardien d’Antoine-Pierre Franck (1723-1796).
Dans la nef latérale droite, Vierge dite « de l’Apocalypse » (P.N. Radino, XIXe siècle), nimbée d’étoiles et dispensatrice de grâces. Restauration due à Serge Creuz (1990).
L’orgue actuel, inauguré le 7 janvier 1852, est l’oeuvre des grands facteurs Merklin & Schütze. Cet orgue monumental est le plus ancien instrument romantique de Belgique; il comprend 37 jeux répartis sur trois manuels et un pédalier. Le buffet est l’oeuvre du sculpteur P.N. Radino.
Aux murs latéraux du choeur et au fond des nefs latérales, panneaux (bois d’arbre fruitier) de la vie de saint Bruno, attribués au sculpteur liégeois G. Van der Planck (1692-1750), d’après des tableaux peints par Eustache Le Sueur (1616-1655). Ces quatre panneaux proviennent de l’ancienne église Saint-Antoine et, à l’origine, de l’ancienne église des Chartreux (dépôt du Musée d’Art religieux et d’Art mosan – MARAM).
Suspendue à la voûte du choeur, lampe de sanctuaire (lustre à bougies), orfèvrerie liégeoise (argent, ca. 1743, dépôt du Trésor de la Cathédrale de Liège).